Interview sur la vie scolaire – M. Huysentruyt & M. Labeke
Aujourd’hui, nous avons posé plusieurs questions à notre directeur, Monsieur Huysentruyt ainsi qu’à un professeur d’Histoire-Géographie, Monsieur Labeke. Leurs questions sont adaptées en fonction des différences de leur métier respectif mais restent très similaires. Elles concernent principalement les évènements actuels au Collège.
Merci à eux d’avoir bien voulu y répondre !
- Monsieur Huysentruyt
- Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Devenir enseignant ? Pour moi ça a toujours été une évidence, ça s’est toujours imposé à moi. Je l’ai dit un jour à un des professeurs que vous avez peut-être eu pendant votre scolarité ici, c’était Monsieur Janssens. Je devais avoir à peu près 13 ans et je lui ai dit que je deviendrai professeur de français, je me remémore très précisément ce jour-là. Et j’ai réussi, avant d’être directeur, j’ai exercé en tant que professeur de français. En tout cas j’ai toujours su que je voulais travailler dans le milieu scolaire.
- En quoi consiste votre métier ?
Beaucoup de choses : énormément d’administratif, trop d’administratif; beaucoup de concertations avec l’équipe; de la gestion; etc. Mais surtout savoir faire face à l’imprévu parce que finalement les journées telles qu’on les imagine ne sont jamais les journées telles qu’elles se passent.
- Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier et qu’est-ce que vous aimez le moins ?
Ce que je préfère, c’est tout ce qu’on fait quand on est enseignant, les interactions avec les gens surtout. En ce moment, j’en ai beaucoup avec les collègues avec qui je travaille à l’administration, peut-être, malheureusement, un peu moins avec les enseignants. Après ce que j’aime le moins, c’est clairement tout le côté plus technique et administratif, remplir des papiers, … faire mes devoirs en fait !
- Comment s’est passé votre intégration au Collège ?
Bien ! En même temps je suis un ancien de Saint-Hubert. J’ai été élève ici donc certains de mes anciens professeurs sont devenus mes collègues et j’ai même était enseignant ici, pendant 6 mois il y a 7 ou 8 ans. Donc oui, je me suis très bien intégré.
- Comment sont vos relations avec le personnel du Collège (corps enseignant, …) ?
J’ose espérer qu’elles sont assez bonnes ! Il y a une bonne ambiance au Collège, nous travaillons tous les uns avec les autres, donc oui je pense que nous avons de bonnes relations et que nous pouvons nous parler honnêtement. Et puis si de temps en temps il y a des tensions, on fait sorte de les surmonter !
- Comment supporter vous le masque ?
Bien ? Déjà, j’ai beaucoup de chance, le bureau est gigantesque. Il n’y a pas toujours beaucoup de monde ici donc j’ai la possibilité d’enlever mon masque et d’ouvrir la fenêtre. En plus, je dois ne pas autant parler à voix haute que mes collègues. J’imagine que pour les professeurs c’est peut-être plus ennuyant.
- Êtes-vous pour ou contre le port du masque ?
Personnellement, je suis pour, mais de toute manière ici à l’école nous n’avons pas véritablement eu le choix. Ce sont des directives qui nous sont imposées pour le bien de tous. Chacun peut se faire son avis mais à partir du moment où nous travaillons à l’école, nous devons faire attention aux élèves et à nos collègues. Nous n’avons pas le choix, nous devons porter un masque.
- Comment avez-vous géré l’organisation suite au covid-19 ?
Et bien, avec toute l’équipe nous avons véritablement dû improviser. Nous avons dû faire face à une situation que nous n’avions jamais vécu, ni vous ni nous, mais j’ai l’impression que nous nous en sommes assez bien sorti. Maintenant, il faudrait peut-être demander l’avis de des élèves pour voir comment eux s’en sont sorti, mais je pense qu’on a fait preuve d’ingéniosité ainsi que de réactivité pour permettre aux élèves de poursuivre plus ou moins normalement leur scolarité. Malgré tout, je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire, c’est la grande inconnue. Nous ne savons pas ce qu’il se passera dans 3 semaines ou dans un mois, nous essayons de mettre, petit à petit, certaines choses en places pour vous permettre de continuer à étudier dans les meilleures conditions.
- Pensez-vous que les mesures du Collège contre le covid-19 sont suffisantes ?
Au niveau sanitaire, c’est une évidence. Nous ne pouvions pas faire différemment, mais comme je le disais tout à l’heure, on ne nous a pas laissé le choix, ça nous a était imposé. Maintenant au niveau pédagogique, nous avons des possibilités. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons, parce qu’il y a tout de même un canevas, mais nous pouvons mettre en place certaines choses au regard de la spécificité de l’école. L’organisation des live, déposer des cours sur Smartschool, … Ce sont des choses que nous pouvons mettre en place ici.
- Comment avez-vous vécu le confinement ?
Personnellement, j’ai eu de la chance, je pouvais venir travailler ici tous les jours, comme mes collègues de l’administrations. Nous n’avons donc pas véritablement vécut votre confinement, nous pouvions, enfin, nous devions sortir tous les jours. Donc, je pense que nous avons eu de la chance en comparaison de la grande majorité des gens.
- Que pensez-vous des récentes prises de paroles par rapport au code vestimentaire dans les écoles ?
Premièrement, je n’en ai pas entendu parler. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux donc je n’ai pas réellement compris ce mouvement. Mais, effectivement, nous nous sommes rendu compte qu’il y a eu un petit mouvement. Nous avons eu des élèves qui ont été convoqués dans le bureau du directeur adjoint, il y a eu des remarques qui ont été faites, … Je dois avouer que je n’ai pas très bien perçu la mesure de ce mouvement. Je ne vois pas encore très bien quel est l’objectif de vouloir s’opposer à un règlement d’ordre intérieur… Je suis pour le fait d’arriver à l’école habillé de façon respectueuse des uns et des autres, et je ne veux surtout pas qu’il y ait de différence qui soient faites entre les garçons et les filles. Que chacun soit égal à l’autre. Mais je dois avouer que si je vois un élève, que ce soit un garçon ou une fille, arriver avec un jeans complètement déchiré, cela me pose problème. Simplement parce que cela s’oppose au règlement mis en place.
- Que pensez-vous des différentes organisations présentes dans le Collège ?
Splendide ! Dès que je suis arrivé l’année dernière, j’étais tout de suite à deux cents pourcents derrière ces personne-là. Je pense qu’en ce moment, nous essayons de relancer Oxfam qui rencontre pas mal de problèmes financer pour les raisons qu’on connaît, donc voilà je suis à fond derrière les jeunes qui ont envie de s’investir comme vous le faites. Je soutiens vraiment toutes ces cellules et évidemment, les élèves qui veulent s’investir et peut-être vivre leur scolarité un peu différemment.
- Cette année, Amnesty va organiser des campagnes de sensibilisations à la discrimination sur quatre sujets. Quel est votre point de vue sur :
– Le racisme
Que dire ! Je me rends bien compte que c’est un des fléaux de la société, que ça nuit aux uns et aux autres. Donc je pense que c’est certainement à l’école que cette sensibilisation doit être faites. En tout cas, il est difficile de ne pas encourager les actions contre le racisme.
-Le sexisme et les droits des femmes
C’est pareil, je suis pour l’égalité des uns et des autres. Je pense qu’il y a une éducation à faire des garçons du respect des filles et inversement.
-Les différences physique
C’est une réalité. Il suffit de se promener dans la rue. Au Collège, étant trop souvent dans mon bureau, j’ai sûrement moins la possibilité d’analyser, de voir ou de rencontrer ce genre de situation. Mais quand j’étais enseignant, je me suis bien rendu compte que tout passe par le regard et que souvent, malgré que je ne le cautionne pas, la différence peut gêner, peut poser problème. C’est encore une fois toute une éducation qu’il faut faire autour de ça.
-La LGBTphobie
Je pense que d’une manière ou d’une autre c’est un sujet qui est abordé ici, au Collège, comme les trois autres. Ici, comme dans de nombreuses autres écoles. D’ailleurs, l’éducation à l’ouverture au monde et à ses différences est un des enjeux du projet éducatif du Collège Saint-Hubert.
- Que pensez-vous de l’Âne Rouge ?
Si je n’en pensais pas du bien, je ne vous aurais pas invitées à venir aujourd’hui ! L’Âne Rouge permet aux personnes qui en ont envie, de s’exprimer, de plus vous êtes vraiment bien encadrés.
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- Monsieur Labeke
- Qu’est-ce qui vous a donné envie d’enseigner ?
Je dirais que ce qui m’a donné envie d’enseigner, ce sont les professeurs que j’ai rencontrés durant mes études. J’ai eu l’occasion de rencontrer des professeurs qui étaient vraiment extraordinaires et qui m’ont apporté beaucoup de choses positives. Ils ont fait de moi quelqu’un de meilleur et je me suis dit que c’était aussi mon rôle de faire profiter la jeune génération de mon expérience pour éviter qu’ils ne reproduisent les mêmes erreurs.
- Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier et qu’est-ce que vous aimez le moins ?
Ce que je préfère, ce sont les relations avec les élèves. Le fait qu’on rencontre vraiment des personnalités qui sont toujours différentes et qu’on ne travaille pas toujours avec les mêmes personnes. Et ce que je n’aime pas, je dirais que c’est tout le côté sanction. Je n’aime pas avoir besoin de faire preuve d’autoritarisme ni ce côté « déséquilibre ». Personnellement, je pense que nous sommes tous sur un même pied d’égalité. Je trouve que c’est quelque chose qui devrait être normal et non pas basé sur un rôle d’autorité ou de sanction.
- Quelle est la matière que vous préférez enseigner ?
C’est compliqué ! Elles sont toutes intéressantes et je les ai choisies parce que ce sont des matières que j’aime. Il y a une matière que j’affectionne particulièrement mais que je ne donne malheureusement pas ici au Collège : les sciences sociales. C’est une matière basée sur l’humain et on peut faire énormément de lien avec l’actualité. Donc, je pense que c’est une des plus belles matières qu’il y ait. A côté de ça, dans les matières que j’enseigne, je dirais le cours d’histoire parce qu’on peut aussi faire beaucoup de liens avec l’actualité. Je pense que « pour comprendre son présent, il faut connaître son passé » et que c’est primordial de savoir ce genre de chose.
- Quelle est votre rapport avec les élèves ?
Conflictuel ! Enseigner demande énormément d’énergie et aussi beaucoup de self-control. Il y a des moments où on a envie d’exploser parce qu’il y a des choses qui nous paraissent un peu, on va dire excessives, de la part des élèves, surtout au niveau de leur comportement. Mais je pense que c’est aussi quelque chose d’extraordinaire parce que on a vraiment la possibilité de créer un échange. En vérité, c’est très compliqué de répondre à cette question. En tout cas j’aime beaucoup cette sorte de complicité respectueuse qu’il peut y avoir.
- Quelle est votre rapport avec les autres enseignants ?
Conflictuel ! Mais c’est un rapport avant tout professionnel donc on a toujours le principe du respect mutuel. On ne peut pas apprécier tout le monde. Il y a bien-sûr certains professeurs avec qui j’ai plus d’affinité et d’autres avec qui j’en ai beaucoup moins parce qu’au niveau personnalité ou même perception du métier, ça ne colle pas. Mais on essaie de rester professionnel, on doit travailler avec tout le monde que cela nous plaise ou pas. Il y a un travail à faire et le principal c’est de le mener à bien.
- Comment supportez-vous le masque ?
Très mal, mais je pense que c’est la même chose pour tout le monde. Pour moi, le masque est un obstacle au métier puisque je pense que la visualisation des émotions sur le visage est importante. Maintenant, c’est une obligation et quelque chose avec lequel on va devoir apprendre à travailler. Mais c’est vrai que si on pouvait s’en passer, ce serait génial.
- Êtes-vous pour ou contre le masque ?
Alors, ce n’est pas mon rôle de dire ce genre de choses. Mais personnellement, je suis pour. Tout simplement parce que ça protège les personnes qui sont plus à risque. Nous sommes entourés de personnes qui peuvent être plus « à risque » et c’est sûr que limiter les risques de propagation est quelque chose d’important.
- Que pensez-vous des mesures prises dans l’école contre le Covid-19 ?
Le problème, c’est que les mesures me paraissent sensées, dans le sens où elles sont logiques par rapport à la maladie. Maintenant ce qui ne l’est pas c’est que certains professeurs et élèves ne respectent pas eux-mêmes ces règles. Bien sûr, on nous impose des règles et ce n’est pas toujours évident de suivre quelque chose qui nous a été imposé mais je pense que c’est la responsabilité de chacun de suivre ces mesures et surtout des adultes de montrer l’exemple, même si ce n’est pas toujours évident.
- Comment avez-vous vécu le confinement ?
Assez bien, dans le sens où cela permet de rester chez soi et de se détendre puisque nous sommes moins sous pression. Après, je pense que d’un point de vue humain, ça a été assez compliqué. On ne pouvait plus voir nos collègues et même les gens de manière générale. Je pense que c’est surtout l’absence de contact qui a été difficile.
- Qu’avez-vous pensé des live Smartschool durant cette période ?
Je trouve que c’était une bonne initiative, malheureusement on oublie parfois que tous les enfants n’ont pas accès aussi facilement que d’autres à des outils informatiques. Donc je trouve qu’une des premières choses que la Communauté Française aurait dû faire avant de débourser des millions et des millions pour refaire des autoroutes, c’est peut-être offrir à chaque professeur mais surtout à chaque élève, un outil informatique convenable. Parce que c’est une bonne idée de vouloir mettre en place des cours à distance, mais quand on voit que dans certains foyers, des élèves doivent partager un ordinateur avec l’ensemble de leur famille, ce n’est pas réaliste. Mais bon, je trouve que c’était une bonne idée.
- Utilisez-vous régulièrement Smartschool ?
La plupart des élèves ne sont pas encore habitués à utiliser cette plateforme, mais je pense que c’est plus-value. En tout cas, en étude du milieu, on travaille énormément sur des documents en couleurs et travailler dessus en noir et blanc, ce n’est pas la même chose. Ce qui serait encore mieux, c’est que les élèves puissent venir avec ces documents numérisés pour travailler directement avec l’outil numérique. Mais de nouveau, il faudrait alors mettre à la disposition de chacun un ordinateur. Après, pour l’échange de documents et d’informations, c’est vrai que cela simplifie notre travail.
- Que pensez-vous des récentes prises de paroles par rapport au code vestimentaires ?
Je suis d’accord sur le fond du sujet. En d’autres termes, je pense que c’est la liberté de chacun de choisir son style, son mode vestimentaire. Mais, je suis peut-être de la vieille école, je pars du principe que quand on est sur son lieu de travail, on doit adopter une tenue correcte, tant de la part des adultes mais aussi des enfants. Je peux comprendre que certains jeunes aient envie d’afficher leur style vestimentaire, mais je pars quand même du principe que lorsque l’on est sur un lieu, qui est, on va dire, dans le cadre professionnel, on doit adopter une tenue qui va avec la fonction. Je suis enseignant, et au Collège, les hommes sont obligés, par exemple, de porter des pantalons. Nous ne pouvons pas porter de short ou bermuda. C’est sûr que ce serait plus simple, mais je trouve que ce n’est pas une tenue adéquate pour travailler. C’est dans les règlements du travail, tout comme c’est dans le règlement des écoles.
- Que va devenir Oxfam ? Avez-vous des projets en particulier ?
Cette année, c’est un peu compliqué puisqu’Oxfam rencontre pas mal de difficultés, tant au niveau du Collège, qu’à l’extérieur. Au niveau du Collège, il est très difficile de mettre en place par des programmes de ventes ou même de sensibilisation, tout simplement parce qu’on ne peut pas accepter des rassemblements. Et bien sûr, le chalet dû être fermé pour de multiples raisons. La première étant qu’il est utilisé pour le Food for You et la deuxième, c’est qu’on va dire qu’ouvrir le chalet, ça veut dire que tous les élèves se regroupent autour de ce chalet. S’il n’y a pas la présence d’un éducateur ou d’un adulte pour limiter un certain nombre de comportements qui sont contraires aux règles, cela risque d’être problématique. On pourrait mettre en place un certain nombre de projets mais de nouveaux, c’est complexe, et la situation actuelle d’Oxfam étant très compliquée d’un point vue financier. On espère en tout cas pouvoir mettre en place quelque chose, et ce dans les plus brefs délais.
- Cette année, Amnesty va organiser des campagnes de sensibilisations à la discrimination sur ces 4 sujets. Quel est votre point de vue sur :
- Le racisme ?
Le racisme, j’espère qu’il va disparaitre ou qu’il a déjà disparu, parce que, premièrement, le concept de race n’existe pas. Il n’y en a qu’une seule, et le problème, c’est que l’on parle de racisme sans comprendre que ce terme n’a pas lieu d’être. Dès lors, je pars du principe que quelle que soit notre couleur de peau, quelle que soit notre appartenance idéologique, religieuse ou autre, on est toujours sur le même bateau et donc rejeter une personne en raison de sa couleur ou en tout cas de son appartenance ethnique je trouve que ça n’a plus lieu d’être au vingt-et-unième siècle dans une société qui se veut ouverte sur le monde. J’espère et je pense sincèrement que la génération qui vient sera beaucoup plus sensible à cette problématique que les générations précédentes.
- Le sexisme et le droit des femmes ?
Ça, malheureusement, c’est un problème qui ne risque pas de se régler de lui-même. Je pense que tant que les femmes et les hommes n’auront pas compris qu’ils sont sur le même pied d’égalité et que chacun a ses droits mais aussi ses devoirs, le problème ne se règlera pas. Je pense qu’il y a encore des personnes qui peuvent avoir des comportements ou des propos sexistes. J’espère que dans les générations suivantes, il n’y en aura plus. Malheureusement, c’est un problème de société qui, je pense, ne se règlera pas de lui-même. Le problème, ce sont aussi les représentations qu’on se fait, par exemple, le rose pour les filles et le bleu pour les garçons. C’est une représentation qui est considérée comme sexiste. Il faut comprendre qu’il y a certaines personnes qui ne comprennent pas que ce qui définit une personne, ce n’est pas un genre ou un sexe, mais sa personnalité. Quand j’entends encore certains garçons qui disent que les filles sont moins fortes qu’eux, j’ai envie de leur dire de monter sur un ring et de se battre contre une fille. Mais voilà, je pense que c’est quelque chose qui va prendre du temps à évoluer.
- Les différences physiques ?
Je pense qu’on peut dire que tout ce qui est différent fait peur aux gens. La différence leur fait peur parce qu’ils ne la connaissent pas. J’ai eu l’occasion de travailler avec des personnes handicapées et j’ai eu l’occasion de participer à une table ronde avec ces personnes qui parlaient de leur réalité de tous les jours, par exemple, un bête truc, les relations amoureuses. Ce sont des choses dont ils ont besoin, ils ont besoin de contacts humains et surtout, ils en ont envie. Mais ils savent très bien que cette relation n’est pas possible avec une personne qui, on va dire, ne présente pas un handicap. Simplement parce que le handicap, c’est la différence et que la différence fait peur. Tout comme une personne qui ne s’habille pas de la même manière ou qui ne se comporte pas de la même manière, sera rejetée par les autres. Mais ça, c’est un phénomène qu’on retrouve dans toutes les races, même chez les animaux, l’homme en faisant évidemment partie.
- La LGBTphobie ?
Le problème, c’est que certaines personnes ont l’impression que si elles côtoient des personnes homosexuelles, elles vont elles-mêmes devenir homosexuelles. Beaucoup de personnes oublient que l’homosexualité n’est pas une maladie, ce n’est pas quelque chose qui tombe comme ça du jour au lendemain. L’amour est quelque chose d’universel, que ce soit deux hommes, deux femmes, un homme-une femme ou autre, … Tant qu’ils sont heureux, personnellement, je m’en fiche. Le problème, c’est qu’on crée une polémique autour de quelque chose qui, finalement ne concerne que la personne, pas les autres. Le fait est, que l’ancienne génération en a peur, donc l’homosexualité, ce n’est pas quelque chose dont on parle à la maison. Heureusement, ce sont des choses que nous pouvons, petit à petit, aborder plus facilement. Nous allons avoir droit à un Disney où, pour la première fois, il va y avoir une relation homosexuelle. Ce qui aurait été inimaginable il y a quelques dizaines d’années. Donc de nos jours, je ne vais pas dire que c’est banalisé, mais en tout cas on n’a plus peur d’en parler on n’a plus peur de le montrer et surtout, on assume cette réalité.
- Par rapport à ces quatre sujets, pensez-vous que ce sont des choses qui devraient être vue à l’école ?
Bien sûr, mais ce sont des choses que nous n’osons pas aborder. Par exemple, il y a un sujet qui terrifie chaque adulte, et à juste titre, c’est simplement la sexualité. Quand je vois les cours sur la sexualité que vous avez, ce n’est pas que ça ne sert à rien, mais malheureusement, ça ne répond pas aux attentes que vous pourriez avoir. Le problème, c’est que pour beaucoup de jeunes, la sexualité ou en tout cas l’apprentissage de la sexualité se résume au visionnage de film porno, qui sont diamétralement opposés à la réalité sexuelle. Donc on se retrouve avec des jeunes habitués à avoir une représentation de la femme comme un objet sexuel dans un certain nombre de films, qu’ils reproduisent dans des comportements de la vie de tous les jours. On le voit à travers un certain nombre de gestes où on traite quasiment la femme comme un objet, siffler une femme dans la rue, personnellement ça ne m’aurait jamais traversé l’esprit. Pour moi, tous ces sujets qui sont « tabous », à partir d’un certain âge devrait être obligatoirement travailler à l’école. Je trouve que c’est un des devoirs de l’école, parce que la famille ne le fait pas toujours, de vous inculquer un certain nombre de valeurs.
- Que pensez-vous de l’Âne Rouge ?
C’est une super initiative ! Cela reste toujours une première approche de ce qu’on va appeler le monde du journalisme. Je pense que c’est important que vous vous essayiez un petit peu à cet exercice qui est de se retrouver face à quelqu’un qui va peut-être dire des choses qui ne vous plairont pas. Le travail que vous faites actuellement, c’est d’accepter que la personne en face de vous n’ait pas la même perception du monde. En plus de ça, cela vous permet de développer votre esprit critique et votre soif de recherche d’informations. Personnellement, je suis très content du travail de Madame Nguyen. Je pense que c’est une initiative qui devrait se retrouver dans toutes les écoles et qui devrait concerner, je pense, un plus grand nombre d’élèves. Malheureusement, l’Âne Rouge n’a pas suffisamment de soutien de la part des élèves. Ce sont toujours les mêmes qu’on retrouve chez Oxfam, chez Amnesty, dans l’Âne Rouge, … Et je trouve que c’est triste, parce que c’est vraiment une plateforme sur laquelle vous pouvez vous exprimer.
Nous les remercions encore pour leur contribution !
Maëlle & Ophélie