Elisabeth Sepulchre

LA VIEILLESSE

 

Sa chair est maintenant trop fanée,

Ses feuilles et ses fleurs sont tombées,

Son crâne est enivré de mousse,

Et sa gueule ; aube, nuit et jour tousse,

Sa grâce est lourde, fade et banale,

Ses nervures se creusent et s’étalent,

 

 

 Une vipère l’enlise et se colle,

Autour de sa barbante âme molle,

Elle la serre et veut l’oppresser,

 Qu’elle crève au fond de son sommier,

La vieille et l’ennuyeuse âgée,

Son haleine n’est plus fraîche et gaie,

 Elle pue la sueur et le mou,

Ses racines croulent, la souche la cloue,

Son être entier est délabré,

Elle est devenue un tronc usé

Sur ses branches se posent les colombes,

Posent leurs pattes pour graver sa tombe,

Au solstice, elle expose son corps,

Et elle attend comme ça la mort.

Ses yeux clos servaient de sommeil,

Mais maintenant attendent la veille,

La veille de la fin et du froid,

L’angoisse a fait taire sa belle voix,

 

 

Les roses qu’elle cueillait autrefois,

Ont écrit et sculpté leur croix,

Alors qu’elle brave son propre ennemi,

Par l’iris on voit l’euphorie,

La liesse et la liberté,

La tendresse et la gravité,

Elle a vécu, elle a connu,

Son regard supplie la franchise,

Derrière sa belle et longue robe grise,

Ses yeux guettent et béent la nature,

La jeunesse et les temps de verdure,

Derrière ce vieux tronc terne à nu,

Derrière cette antique femme crue,

Des yeux éclatants et dorés,

Une couleur sombre et passionnée.

 

 

Elisabeth Sépulchre