Maëlle Lemyze

Attente

 

Je pose mon stylo dès la fin de ma phrase, je me lève avec hâte.

Elle m’attend. On lui reproche souvent d’être là trop tôt mais, aujourd’hui, je pense qu’elle va être parfaitement à l’heure.

Je descends les escaliers, comme à leur habitude, ils grincent à mon passage. Je passe devant la cuisine en hésitant un peu… Je secoue la tête, je vais être en retard. Je sors de chez moi. Tandis que je referme ma porte, le vent souffle dans mes cheveux. J’enfourche ma vieille bicyclette rouge, la forêt n’est pas toute proche.

Je salue madame Ming et son échoppe, un grand sourire en carton sur le visage. Je me mets à pédaler plus vite.

Je suis pressé.

Heureusement, je vois le bois qui se profile dans la brume. Je finis par l’atteindre. Arrivé à l’entrée, je laisse négligemment tomber ma bicyclette dans l’herbe.

Elle est toute proche.

Je m’enfonce dans la forêt, cherchant mes repères. Je finis par le trouver, le petit pont en pleine forêt. Je m’arrête un instant, pour profiter un peu du son de la forêt, qui, à cette heure-ci, grouille de vie. Triste paradoxe.

Je suis au bon endroit mais il n’est pas l’heure, je l’attends.

Je m’assieds sur la rambarde du pont en bois, vivement qu’elle vienne me chercher. Je balance mes pieds au-dessus de l’eau. Un, deux, trois, …

C’est l’heure.

La nuit tombe, j’attends jusqu’à ce que l’obscurité m’engloutisse. Pendant que mon esprit se vide de pensée, il se remplit de souvenir.

Elle est là, toute proche. J’attrape sa main, en ce moment, elle me parait être la plus séduisante. Elle me fait basculer.

Je me sens tomber, rejoignant peu à peu les ténèbres…

Elle est là, pile à l’heure.

Elle m’accueillit là où tout le monde finit par arriver. Elle, la mort.