Ysaline Daele

Le Jeu

 

Il était 17h35, l’heure de mon thé quotidien. Je le buvais toujours dans mon fauteuil, avec ma femme Justine, et nous parlions de notre journée.

Justine et moi étions mariés depuis quatre ans mais cela faisait quelques mois que je sentais qu’elle n’était pas comme d’habitude. Je l’avais donc suivi un soir où elle prétendit avoir un dîner avec ses amies.

Je m’étais couvert d’un long manteau noir, d’une écharpe et de lunettes. Elle n’aurait pu me reconnaître. Je la suivis de loin quand elle s’arrêta et s’assit sur un banc.

Au coin de la rue, je donnais l’impression de lire le journal mais mes yeux étaient rivés sur elle. Une voiture se gara et un bel homme élégant en sortit. Justine se leva et l’embrassa, ils se firent des câlins. Cela me mit en colère , j’eus de plus en plus mal à contenir cette rage qui montait en moi. Je m’avançai donc maintenant d’un pas ferme vers eux quand une voix en moi me résonna et me fis pensé à une chouette revanche qui serait mieux que d’intervenir directement.

Je rentrai vite chez moi pour tout préparer avant qu’elle ne rentre. Mon plan était simple: elle rentrera, sur la table du salon sera posé deux revolvers dont l’un d’entre eux sera vide, mais elle ne le saura pas, nous jouerons à un jeu et je la tuerai.

Je me répétai ce plan , sans cesse, dans ma tête afin que dès que Justine ouvrira la porte, tout se passerait comme prévu. Je l’attendis pendants des heures, chaque secondes qui s’écoulait me mis encore plus en colère. Cela voulait dire qu’elle passait du temps avec cet individu.

J’allai m’assoupir quand j’entendis la clé de Justine tourner dans la serrure. Je me levai et me mis debout, à coté de la table du salon. Elle vint près de moi , ne comprenant ce qui se passait, elle se mit en face de moi et je commençai à lui expliquer les règles du jeu. Elle était attentive, mon plan se déroulait parfaitement.

Nous arrivions donc à la dernière manche du jeu, elle était simple, chacun prenait un revolver et le pointait sur l’autre joueur. Au décompte de trois, ils devaient appuyer tous les deux en même temps sur la détente.

Je lui donnai donc le revolver vide et je pris l’autre. Je le pointais sur sa tempe et sentais le sien sur la mienne.

J’étais serein,  je contrôlais la situation mais elle était un peu stressée. Nous comptions ensemble le décompte et nous appuyions tous les deux sur la détente . Un bruit sourd retentit. J’avais réussi, m’étais-je dit.

Je la voyais , elle n’avait aucun goutte de sang sur elle. J’avais une douleur à ma tête, je me la frottais avec ma main. Je m’arrêtai et vis ma main ensanglantée, je m’écroulai par terre. Je m’étais trompé dans les revolvers. Je tombai par terre.