Les coulisses de Saint-Hubest

C’était un événement attendu, ces vendredi 15 et samedi 16 février. Comme chaque année, le spectacle de Saint-Hubest est un franc succès.

 

 

Dans les coulisses, on pourrait croire que le silence règne. Ou bien que des chuchotements fusent dans tous les sens. En vérité, dans les classes réquisitionnées pour les talents, on entend en tendant l’oreille de faibles airs de musiques. Ils s’échappent de téléphones posés au sol ou sur les tables, et sont accompagnés par les bruits de pas de danseuses. Elles revoient une dernière fois leurs chorégraphies. Ou bien ce sont, dans d’autres locaux, les chanteurs qui fredonnent encore et encore leurs chansons, et qui échauffent leur voix. On entend aussi des rires, on voit des mains qui tremblent et qui s’agitent pour repousser le trac. Des sourires encourageants, ou grisés, ou les deux, fendent les visages. Geneviève Clouwaert, qui participe pour la deuxième fois au spectacle, nous dit :

 

Geneviève : « Je trouve l’ambiance hyper cool. On chante dans les coulisses et tout, c’est un peu la folie. »

 

L’âne rouge : « Qu’est-ce qui t’a motivée à revenir sur scène cette année ? »

 

Geneviève : « C’est une expérience intéressante, qui me permets de rencontrer d’autres musiciens et d’autres chanteurs comme moi. Et puis, c’est en montant sur scène qu’on apprend. »

 

Geneviève joue de la harpe depuis dix ans et chante, « depuis des temps immémoriaux ».

 

L’âne rouge : « Est-ce que tu stresses ? »

 

Geneviève : « Non, moi ça va franchement. »

 

L’âne rouge : « Et est-ce que tu as l’impression que les autres stressent ? »

 

Geneviève : « Oui, je pense que les autres ont quand même pas mal le trac, je le vois bien. Certains plus que d’autres. »

 

En bruit de fond, il y a la musique du spectacle et les applaudissement du public. Ce sont souvent les mêmes symptômes du stress qui reviennent. Les bouffées de chaleur, les mains qui tremblent, la boule au ventre… L’appréhension, si elle est palpable, est diluée par l’excitation. L’un des rares à ne pas s’en faire, c’est Samuel Prignon, un autre habitué.

 

L’âne rouge : « Tu es prêt ? Tu t’es beaucoup entraîné pour ce soir ? »

 

Samuel : « En fait, le break c’est beaucoup d’impro donc préparer à l’avance ça sert à rien, sinon tu réfléchis trop à ce que tu fais pendant ton passage, donc c’est plus que je me suis dit “je veux faire tel et tel truc dans mon passage”, après comment j’arrive à ça c’est de l’impro. »

 

L’âne rouge : « Depuis combien de temps tu fais du breakdance ? »

 

Samuel : « Depuis quatre ans. C’est une idée qui est venue comme ça, parce que j’aimais bien faire des sauts et des acrobaties dans tous les sens. Un jour mes parents m’ont proposé d’en faire, j’ai dit oui, et depuis je continue. »

 

L’âne rouge : « Ce n’est pas la première fois que tu y participes. »

 

Samuel : « Non, je l’ai déjà fait il y a deux ans. »

 

L’âne rouge : « Pourquoi pas l’année dernière ? »

 

Samuel : « Parce que j’ai oublié de m’inscrire. Mais si ça n’arrive pas encore l’année prochaine, je le referai. »

 

Le breakdance, Samuel est le seul participant à en faire. Tout au long du spectacle, on trouve bien d’autres talents originaux. Comme celui de Némo Henrard qui joue sur scène, chaque année depuis la première édition de Saint-Hubest, ses propres compositions musicales.  

 

L’âne rouge : « Qu’est-ce qui te plaît dans la composition ? »

 

Némo : « Pouvoir s’exprimer. C’est primordial. Puisque je suis quelqu’un d’assez timide, ici c’est un moment où je peux montrer aux gens que je suis plus que ça. »

 

L’âne rouge : « Et qu’est-ce que tu exprimes à travers ta musique ? »

 

Némo : « Des sentiments, surtout. Souvent, je crée des morceaux assez mélancoliques, qui commence doucement puis qui explosent à la fin. En crescendo. Ça commence doucement, puis le morceau prend de l’ampleur. C’est assez comparable à mon caractère, quand on commence à me connaître, je suis plutôt calme, et après je deviens plus… explosif. »

 

L’âne rouge : « Tu es fier de ton travail et de tes prestations ? »

 

Némo : « Je suis toujours un petit peu déçu de moi après être passé, je me dis que j’ai foiré quelque chose. J’ai peur de me ridiculiser, parce que tout le monde ne comprend pas le style de musique que je fais. Ce n’est pas vraiment ce que la plupart des jeunes écoutent aujourd’hui. »

 

L’âne rouge : « Tu as un style bien à toi, et tu as peur que tout le monde n’y soit pas réceptif ? »

 

Némo : « Oui… Mais j’ai souvent de bons retours. Les gens viennent me voir et me disent qu’ils ont bien aimé. Ça me rassure. »

 

Le spectacle a commencé, et l’effervescence dans les coulisses se dissipe. Quand ils ne répètent pas, les talents sont dans la salle, disséminés parmi les spectateurs. Ils soutiennent leurs homologues sur scène, en criant et en applaudissant, à l’instar du public. Tous les participants s’accordent pour dire qu’il y a beaucoup de bienveillance, beaucoup d’entraide au sein de « la grande famille de Saint-Hubest » , comme le dit Juliette Hubert en rigolant.  

 

C’est un tonnerre d’acclamations et d’applaudissement qui accueille chaque participant, et qui suit ses derniers pas sur scène. Difficile de mieux décrire le public que ne le fait Charlotte Delattre, qui nous dit : « Ils sont chauds ce soir ! Ils sont au taquet ! Mais c’était aussi un public qui sait quand écouter quand la personne chante et se plonger dans la chanson. Et ça c’est cool ! »  Charlotte et son frère, Boyan, ont exécuté, avec succès, l’extrait d’un opéra de Mozart.

 

Boyan : « C’est un extrait des Knaben, qui sont des petits garçons, des sortes d’anges qui chantent. »

 

L’âne rouge : « Pourquoi avoir choisi de présenter de l’opéra ? »

 

Boyan : « Eh bien, Charlotte et moi chantons tous les deux dans les chœurs de la Monnaie. Il y a beaucoup de rigueur, d’exigence et de sérieux. Il faut passer une audition pour entrer, et être motivé parce que ça prend beaucoup de temps en dehors de l’école. Les weekends compris. On participe à beaucoup de spectacles à la Monnaie, par exemple, et à beaucoup de concerts. Charlotte et moi on aime beaucoup la scène, c’est pour ça qu’on est dans les chœurs. Aujourd’hui, c’était très différent de la scène dont on a l’habitude. On a aimé tester un autre “type” de spectacle. »

 

Charlotte : « C’est un univers beaucoup plus soudé. »

 

Une expérience enrichissante, donc, et amusante pour les élèves qui y participe. Certains professeurs les y ont même rejoints, Mme Muziek, Mme Nguyen, Mme Meyer, Mme de Troyer et Mme Laduron pour présenter une chorale accompagnée par M. Fonteyn, avec sa guitare et son chapeau de cow-boy. Une initiative des professeurs ayant longtemps été repoussée, mais qui a pu avoir lieu cette année. Mais Saint-Hubest, c’est avant tout beaucoup d’organisation, et entièrement gérée par les élèves.  M. van Breugel précise :

 

M. van Breugel : « Quand ils ont un souci, ils peuvent venir me trouver, mais là j’ai la chance d’avoir affaire à une équipe qui se débrouille, qui est autonome. L’école est juste un facilitateur, mais a priori ils se débrouillent… et je m’en réjouis ! »

 

L’âne rouge : « La direction encourage-t-elle beaucoup Saint-Hubest ? »

 

M. van Breugel : « Bien sûr. On les encourage en leur laissant carte blanche en fait, et je trouve que c’est une réussite impeccable. L’organisation est superbe, et les talents sont incroyables. Je remercie tous les élèves qui se sont impliqués, et les profs qui les ont encadrés, conseillés, guidés… C’est vraiment une belle réussite. Ça fait aussi partie du boulot d’une école, de voir où sont les talents et de trouver comment ils peuvent s’exprimer. Et puis ça fait plaisir de voir les élèves autrement que dans des circonstances de cours. »

 

C’est aux élèves organisateurs, de 5e et 6e, que l’on doit la mise sur pied du spectacle. Parmi eux, il y a Edwin de Hertogh qui nous dit : 

 

Edwin : « C’est beaucoup de boulot, je dirais que ça nous a pris au moins 150 heures de travail. »

 

Affirmation confirmée par un autre élève organisateur, et lui-même participant du spectacle, Robin Villers :

 

Robin : « Je vais retenir beaucoup, beaucoup, beaucoup de boulot, parce que c’était très chargé niveau horaire. On a voulu ça, on a voulu que ce soit plus complet. Il y a eu des hauts et des bas en ce qui concerne l’organisation, mais c’était quand même très cool. »

 

L’âne rouge : « Pourquoi tu t’investis dans Saint-Hubest ? »

 

Robin : « Alors, moi je participe depuis son inauguration, donc depuis trois ans maintenant. Et c’est toujours un plaisir de le faire. Je me souviens que la première année, je me suis dis “allez, vas-y, je tente”, et qu’à cette époque je chantais encore en voix aiguë, même si au spectacle j’ai chanté en voix grave. J’aime bien Saint-Hubest parce que ça me fait me rendre compte que ma voix progresse. Quand je regarde des vidéos de la première édition du spectacle, je me dis que c’est horrible ! Du coup, j’espère me dire ça dans dix ans, quand je verrai ce que j’ai chanté aujourd’hui. Finalement, l’expérience a été hyper cool, et ça m’a permis de réaliser que… j’adore chanter ! Et que j’adore la scène. Donc c’est un peu l’expérience que j’attends chaque année depuis sa création. Ma raison d’être à Saint-Hubert ! »

 

Certains aspects de la préparation sont encadrés par des professeurs : la communication par Mme Coppens, la gestion du bar par Mme Delaissé, les comptes par Mme Henin, les transitions entre les numéros par M. Verbelen, puis la logistique et la régie par Mme Huberty et M. Mosty.  

 

M. Mosty : « Avec l’ensemble des collègues actuels, on est à l’initiative du projet.  C’est parti d’une simple réflexion à la salle des profs. On voulait faire un spectacle qui fasse bouger l’école de manière différente, qui permettent aux élèves de se mettre en valeur. »

 

Mme Henin : « Ce qui me motive à participer, c’est qu’ici les élèves peuvent montrer une autre facette d’eux, alors qu’en tant que professeur on se limite souvent à ne connaître que leurs compétences scolaires. »

 

En quoi cela consiste-t-il, concrètement, de participer en tant que professeur dans un projet qui appartient par définition aux élèves ? D’après M. Verbelen, il s’agit d’apporter son aide dans son domaine de compétence, d’accompagner les élèves pour permettre au spectacle d’avoir lieu dans un cadre scolaire et des conditions sérieuses.

 

M. Verbelen : « C’est très enrichissant, et c’est très concret. On se sent utile chacun dans la catégorie qu’on a à gérer. Ça permet de découvrir les élèves d’une autre manière, et ça les fait se côtoyer entre les différentes années. Tout ça fait que… voilà, je prends vraiment beaucoup de plaisir à participer à l’aventure Saint-Hubest. »

 

Ce que toutes les éditions de Saint-Hubest ont en commun, c’est que les élèves s’accordent à dire qu’elles se révèlent à chaque fois être une expérience très enrichissante. Donc n’hésite pas à y participer l’année prochaine !

 

L’équipe de l’Âne Rouge

 

© Photos Marnie Henry

     

 

Bravo à Lou David de Lossy, Alice Temple, Némo Henrard, Sarah Scheckner, Alexandra Van de Velde, Chiara Sergers, Ysaline de Greef, Jessica Pemberton, Simon Comté, Elena Desquaire, Agathe Wery, Lucienne Van Wetter, Rebecca Bowen, Alice Vangeel, Naomi Axelsson, Sacha Van Liefferingen, Milo Roisi, Simon De Mesmaeker, Eliott Leeuw, Maxime Gouyens, Robin Villers, Charlotte et Boyan Delattre, Adèle Aksakow, Esther et David Tank, Samuel Prignon, Arthur Mathieu, Vanina Aubry, Juliette Hubert, Léa Rosa Gaita Monho, Geneviève Clouwaert, Mmes de Troyer, Laduron, Meyer, Musyck, Nguyen et M. Fonteyn pour leur participation au spectacle,
ainsi qu’à Pauline André, Hafssa Belbachir, Clément Binot, Clara De Borman, Edwin De Hertogh, Louisa Dehogne, Louis Dieu, Marnie Henry, Lucie Herrmann, Stéphanie Kröger, Louise Langouche, Matthias Lafère, Manon Marchaindise, Noé Schmitz, Medhi Soltani, Yves-Alexandre Van de Werve, Laura van Praag Rosalie Vermeiren, Robin Villers, Hajar Zougam, Medhi Zitouni, Mmes Coppens, Delaissé, Henin, Huberty, Lepère, Ms Mosty et Verbelen pour l’organisation. 
Merci à  Geneviève Clouwaert, Samuel Prignon, Agnès Rubbens, Elise Wyngaerden, Sara Lindholm, Robin Villers, Adèle Aksakow, Juliette Hubert, Charlotte et Boyan Delattre, Némo Henrard, Edwin de Hertog, M. Sébastien Aubry, M. van Breugel, M. Verbelen, M. Mosty et M. Henin de nous avoir raconté leur expérience.