Francisco Franco (1892-1975)

[Les 6eme renforcement histoire ont travaillé, en collaboration avec l’artiste Alain Godefroid et les 5eme de l’école primaire de St-Hubert, à l’organisation d’une exposition qui aura lieu au Rouge Cloitre dès le 10 mars prochain – affiche en fin d’article.
Le thème : Pouvoir et Folie.
Que voir : Des tableaux caricaturaux, choquants, interpellant de plusieurs dirigeants, personnages historiques
Que lire : Des références biographiques réalisées par nos rhétoriciens après une recherche historique minutieuse.
Mais aussi des productions artistiques réalisées par les élèves du petit collège après leurs échanges avec l’artiste.]

 

Francisco Franco (1892-1975)

Francisco Franco Bahamonde fut le dictateur fasciste ou apparenté ayant régné le plus longtemps au 20e siècle. Sa prise de
pouvoir brutale s’inscrit dans la montée du fascisme et des dictatures en Europe au 20e siècle et est rendue possible grâce à
l’aide d’Hitler et Mussolini. Sa vision conservatrice et nationaliste de l’Espagne sera le principe de son régime, mais la violence
et la terreur en seront les fondements. Au-delà de son rôle majeur dans la guerre civile espagnole, il est connu pour la
répression sévère et la dictature qui s’ensuivirent. Le régime franquiste restera d’application jusqu’à sa mort et aura
profondément marqué l’histoire de l’Espagne ainsi que son peuple.

Né le 4 décembre 1892 à Ferrol, Franco grandit dans une famille ayant combattu dans la flotte espagnole pendant deux
siècles. Son père est officier de la marine et un alcoolique notoire qui lui préfère ses frères. Sa mère, pour sa part, est une
fervente catholique dont il adoptera la vision conservatrice. Il veut faire ses preuves et intègre l’infanterie à défaut de la
marine en 1907.

 

Au Maroc
À l’époque, les promotions sont lentes et la façon la plus efficace de grimper rapidement les échelons est de partir au Maroc,
l’une des dernières colonies espagnoles, pour combattre les rebelles du Rif. Il est affecté à un bataillon de Marocains habitués
au combat violent. Il découvre l’efficacité des méthodes qui deviendront les fondements de son régime : la violence et la
terreur. A 33 ans, il est le plus jeune général d’Europe. Durant la révolte asturienne des miniers, il ordonne des milliers
d’exécutions. C’est cet événement qui permet la victoire du Front populaire aux élections de février 1936 contre la Phalange,
parti politique nationaliste à tendance fascisante.

Putsch
Dès la victoire de la gauche, les nationalistes préparent un putsch militaire organisé par Emilio Mola, un général de brigade. Ils
souhaitent la participation de Franco, mais ce dernier hésite à s’engager, ayant conscience des risques. C’est le meurtre du
royaliste José Calvo Sotelo qui finit de le convaincre. Il est renvoyé au Maroc avec comme mission de mener l’armée d’Afrique
en Espagne. Franco se montre audacieux et contacte deux personnalités éminentes du mouvement fasciste : Hitler et
Mussolini. Ces derniers acceptent de lui venir en aide et lui envoient des avions et des armes, ce qui est pour eux l’occasion de
tester leur armement. Il parvient en Andalousie avec les combattants marocains alors que les combats font rage dans le pays.
Pourtant, toute l’armée ne s’est pas ralliée à la cause et malgré la prise de plusieurs territoires à l’ouest du pays, ils subissent
plusieurs défaites à Madrid, Barcelone, Valence ainsi qu’à Bilbao.

Le putsch n’est donc pas un succès et déclenche la guerre civile espagnole le 17 juillet 1936.

Guerre civile
La violence dont Franco fait preuve durant la guerre civile est impitoyable. Partout où l’armée d’Afrique se retrouve face à des
civils, c’est un carnage. Franco ne veut pas battre la gauche, il veut éradiquer l’idéologie socialiste. Franco s’assure de son
leadership dès le début. Il ne se contente pas d’exécuter tous ses opposants, mais également tous les généraux ayant refusé
de participer au coup d’Etat.
Malgré l’atout que représente son commandement de l’armée d’Afrique, le soutien de trois instances est essentiel s’il veut
gagner : l’armée, l’église et l’élite. Il est désigné généralissime par ses pairs le 29 septembre et chef d’Etat de la zone contrôlée
par les nationalistes 2 jours plus tard. Dans le pays, les combats continuent. L’année 1937 est marquée par plusieurs
bombardements par les forces aériennes allemandes et italiennes avec entre autres celui de Guernica. Madrid finit par tomber
et l’armée républicaine vaincue. Le défilé de troupes franquistes dans la capitale le 28 mars 1939 marque la fin de la guerre
civile espagnole malgré le fait que la date officielle soit le 1er avril.

Entre 500 000 et 1 million d’Espagnols y perdent la vie et plus de 400 000 civils sont exilés.

La guerre après la guerre
La fin de la guerre enclenche une répression sans précédent. Alors que la Seconde Guerre mondiale se déclare sans que
l’Espagne ne s’engage, Franco déclare la guerre au peuple espagnol. Les conseils de guerre ainsi que les exécutions se
succèdent, et cela, jusqu’en 1941. A la fin de 1939, les prisons espagnoles comptent approximativement 270 000 détenus. La
peur est le maître-mot et ce qui est appelé « terror blanco » s’installe. Au-delà de cela, il a également la mainmise sur
l’éducation et les médias. La répression et l’endoctrinement de Franco sont rendus possibles grâce à 2 piliers : l’armée et
l’église. L’armée joue un rôle primordial dans le maintien de l’ordre. L’église, quant à elle, représente la tradition et le
conservatisme que Franco chérit tant.

Changement
Lors de la guerre froide, l’Espagne se présente comme un rempart contre le communisme. Franco devient l’allié de l’Ouest et
signe un accord avec l’Amérique : il accepte des bases militaires sur son territoire et reçoit une aide en contrepartie. L’Espagne
s’ouvre petit à petit au monde extérieur.
À la veille de sa mort, il doit décider de sa succession. Il annonce que Juan Carlos, le petit-fils d’Alphonse XIII sera roi, espérant
que ce dernier poursuivra sa politique. Franco s’éteint le 20 novembre 1975 à Madrid, après des mois de souffrance et de
multiples hospitalisations. Son régime s’éteint avec lui.

 » El Caudillo Matador « 
Acrylique et encre de Chine sur toile 80x60cm.

« El Caudillo Matador » représente Franco comme un torero, en uniforme militaire. Deux éléments sont à noter.
Premièrement, son uniforme militaire et les nombreuses médailles qui s’y trouvent. Comme expliqué précédemment,
Franco a eu une carrière militaire longue et prospère. Cependant, on remarque que sur la photo d’origine, il ne porte que
la « Medalla Militar », médaille militaire espagnole décernée pour des actes de bravoure sur le champ de bataille. Il a
effectivement été décoré militairement à plusieurs reprises, au niveau international et national, mais est rarement
représenté avec toutes ses médailles sur son uniforme. Si ces honneurs lui ont été accordés de son vivant, ils sont
désormais remis en question dans certains pays, notamment en France concernant la Légion d’honneur.

Ensuite, sa représentation en tant que torero a aussi son importance. Si Franco n’a pas de lien direct avec l’origine de la
tauromachie, elle a une certaine importance dans son régime. Lors des lendemains de la guerre civile, les temps sont
durs. Les corridas sont l’endroit idéal pour libérer les foules tout en leur faisant oublier la brutalité et Franco encourage
leur organisation pour en faire « cadeau » à son peuple. De plus, elles sont l’occasion pour lui de se retrouver face à la
population et de se montrer dans sa loge présidentielle. Les corridas adoptent un rôle encore plus politique lorsque des
chefs d’Etats et dignitaires étrangers y assistent, comme Himmler en 1940. Les spectacles attirent en outre des touristes
du monde entier, élément économique non négligeable.

Pouvoir et folie, folie et pouvoir ?
Est-ce le pouvoir qui rend fou ou la folie elle-même qui pousse à rechercher le pouvoir ? Besoin de prouver sa valeur,
dissimulation, violence sans nom et paranoïa, Franco remplit toutes les cases du dictateur, mais était-il fou pour autant ?
La folie se manifeste-t-elle dans les actions ou par la capacité de se convaincre du bien-fondé de ces dernières, aussi
violentes soient-elles ? Franco aura cru en son régime jusqu’à la fin, et cela, malgré les centaines de milliers de morts sur
sa conscience. Souvent décrit par ses camarades de combat comme inhumain, peut-être est-ce cette indifférence face à
la vie humaine qui lui permit d’accéder au pouvoir de la façon dont il l’a fait.

Elisa