Denis Diderot

Travail effectué dans le cadre du cours d »option histoire de Monsieur Campolini:

« Depuis la Renaissance, les savants redécouvrent les savoirs antiques, mais, aux XVIe et XVIIe siècle, ils se mettent progressivement à développer de nouvelles connaissances. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nouveaux instruments d’observation et de mesure sont inventés et de nouvelles façons d’aborder les sciences sont privilégiées. Cet esprit scientifique, fort de ses nouvelles représentations du monde et de ses nouvelles méthodes d’investigation va connaître, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, de nouveaux modes d’organisation. Ce travail a pour objectif de permettre de découvrir l’un ou l’autre acteur qui a participé au développement de ce nouvel esprit scientifique. »

L’Encyclopédie : oser savoir

M : Bonjour Monsieur Diderot, comment allez-vous aujourd’hui ?
D.D. : Je vais très bien merci.

M : Pour commencer cette interview pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
D.D. : Oui bien évidemment. Je m’appelle Denis Diderot, j’ai 60 ans. Je suis originaire de la commune de Langres et je suis né dans une famille très religieuse. Poussé par mon père, j’ai commencé des études de théologie afin  de partir après à Paris. J’exerce plusieurs professions : écrivain, traducteur, philosophe, encyclopédiste, … Je suis également marié à Anne-Antoinette Champion avec laquelle j’ai eu une fille, Marie-Angélique Diderot. 

M : En énonçant vos professions, vous en avez cité plusieurs mais une requiert mon attention, celle de l’encyclopédiste. Pouvez-vous m’en dire plus ?
D.D. : Eh bien encyclopédiste est sûrement ma profession la plus importante et la plus célèbre. En effet, durant ma carrière, j’ai développé un désir de partager mon savoir avec tout le monde, et j’ai donc décidé de créer un ouvrage : l’« Encyclopédie » ou comme j’aime l’appeler, « Le Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers ». Cette encyclopédie a pour but de réunir tous savoirs dans une seule et même œuvre : l’« Encyclopédie ». Elle est formée de 17 volumes et 11 planches. Le dernier volume est sorti il y a maintenant 2 ans (1)

M : Wouaw ! Mais quel travail titanesque !! Comment avez-vous pu réussir cet exploit seul ?
D.D. : En fait, je ne l’ai pas réalisé seul. En effet de nombreux philosophes, mathématiciens, savants, spécialistes y ont contribué, comme Voltaire, Rousseau, Montesquieu, ils étaient 150 au total. Notre slogan, si on peut appeler cela comme cela, était : « Oser savoir ». Sans eux, je ne pense pas que j’aurais aussi bien concrétiser ce chef-d’œuvre. Cependant, j’avais un collaborateur et compagnon principal, même si nous n’avons pas toujours été d’accord : Jean le Rond d’Alembert. 

M : Pouvez-vous m’en dire plus sur les raisons pour lesquelles vous n’avez pas toujours été d’accord tous les deux ?
D.D. : Lui et moi avions des divergences concernant la continuité du projet. En fait, en 1752, suite aux pressions des Jésuites (2) , nous sommes dans l’obligation de stopper la publication de l’Encyclopédie car celle-ci est interdite. L’année suivante elle peut reprendre mais six ans plus tard, sa publication est à nouveau interdite à cause d’un écrit de Claude Adrien Helvétius (3). Cependant, à la différence de Jean le Rond d’Alembert, je n’ai pas fui, j’ai poursuivi la publication de notre Encyclopédie, certes clandestinement, mais le savoir était bien plus important. 

M : Ce travail, même avec l’aide reçue, a dû vous prendre beaucoup de temps. D’où ma question : avez-vous eu le temps de continuer vos autres professions ?
D.D. : Bien évidemment ! J’ai continué de philosopher ainsi que d’écrire de nombreux livres de différents genres ainsi que des pièces. Le projet de l’Encyclopédie, bien que long et fastidieux, ne m’a pas empêché de publier de nombreux écrits. Mais malheureusement certaines de mes œuvres ont été censurées et m’ont valu la prison. 

M : La prison dites-vous ? Vraiment ?! Cela vous conviendrait-il d’expliquer un peu plus en détails votre séjour en prison à nos lecteurs ?
D.D. : Après la publication de deux de mes livres : « Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient » ainsi que « Bijoux indiscrets », les autorités ont décidé de m’envoyer en prison car mes écrits étaient dits athéistes. Ils m’ont emprisonné dans le Château de Vincennes durant trois mois, du 24 juillet au 3 novembre 1749. Ce fut les trois mois les plus douloureux de ma vie. Heureusement pour moi mon ami Rousseau est venu me rendre visite de nombreuses fois pour discuter de philosophie, mais surtout de sciences et d’art. Par ailleurs, nos longues discussions ont mené au « Discours sur les sciences et les arts » que mon ami publiera en 1750. 

M : En voilà une vie bien complète, mais dites-moi, que faites-vous maintenant ?
D.D. : Je réside en ce moment à Saint-Pétersbourg, à la cour de l’impératrice Catherine II. Elle m’a demandé de venir à sa cour pour que je puisse écrire ses mémoires. J’y réside donc depuis quelques mois et j’aurai probablement fini dans un, voire deux ans, je ne sais pas encore, ou, qui sait, peut-être dans quelques mois seulement ? De plus, je trouve cela très agréable de parler de divers sujets avec quelqu’un qui partage mes opinions. En effet, sa Majesté est très intéressée par tous les savoirs. Elle a même financé la fin de l’écriture de l’Encyclopédie lorsque le projet était au plus bas après l’interdiction de sa publication. 

M : Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé et bonne continuation dans vos futurs projets. 

 

Une dizaines d’années plus tard, après avoir publié de moins en moins et échangé ses dernières correspondances avec sa maîtresse, il meurt à la suite d’une attaque d’apoplexie le 31 juillet 1784 à l’âge de 70 ans. Denis Diderot deviendra plus tard un des écrivains des Lumières les plus connus et l’Encyclopédie évoluera en un livre indispensable à la recherche. 

 

Manon

(1) L’Encyclopédie a été publiée entre 1751 et 1772. 

(2) En février 1752, les Jésuites parviennent à interdire la vente, l’achat ou la détention des deux premiers volumes parus. En effet, ils considèrent, je cite, que « (…) plusieurs maximes tendent à détruire l’autorité royale, à établir l’esprit d’indépendance et de révolte (…). Après cette première interdiction, d’Alembert décide de ne plus travailler que la partie sur les mathématiques dans l’Encyclopédie. 

(3) Claude Adrien HELVETIUS (1715-1771) : Ecrivain et philosophe français. Il publie un ouvrage « De l’esprit » (1758) dont le propos fait scandale. L’autorité royale en interdit la publication et, dans la foulée, la publication de l’Encyclopédie sera également interdite (1759) car elle contient des « attaques évidentes contre l’Eglise et le gouvernement en place ». Suite à cet événement, d’Alembert abandonne le projet de l’Encyclopédie.

 

Sources :